vendredi 1 juin 2007

Le tournoi

Place au tournoi. L’open des Tatras est un très fort open de 200 joueurs, dont 150 CF à +2000 et environ 10 titrés, donc aucune partie facile. 6 ou 7 pays sont représentés, avec une grosse majorité de Slovaques et de Tchèques, mais aussi des Hongrois, Polonais, Russes et une délégation française de 6 joueurs dont nous 3. Les conditions de jeu étaient excellentes, une belle salle moquettée quoiqu’un peu chaude parfois dans l’hôtel 3 étoiles normes locales, mais il fallait s’acclimater aux coutumes locales tant au niveau du matériel que des comportements. Ce sont des jeux slaves, le roi n’est donc rien d’autre qu’un gros fou, et les fous sont bicolores, mais on s’habitue rapidement. La cadence était d’1h30 pour 30 coups puis 1h KO sans rajouts de temps, et les pendules digitales n’avaient pas le design de celles que l’on connaît ici. Les feuilles de parties n’avaient rien de classique non plus, et pour avoir son double il fallait un carbone qui exigeait de simples manipulations mais déjà trop complexes certains jours pour les inattentifs français, il suffit de demander à mes compatriotes. On ne serre pas la main avant de commencer une partie, mais les gens sont sympathiques dans l’ensemble. Les boissons alcoolisées sont proscrites dans la salle de jeu, je me suis fait sortir par l’arbitre parce que je buvais une petite bière en regardant la partie de mon coéquipier ! Dernière chose, les rondes sont à 18h, excellente initiative surtout dans cette belle région, ça nous laissait la journée pour visiter et bouger un peu, mais ça implique que le repas était servi à 17h ! Assez perturbant surtout que le repas du midi était à heure normale et souvent copieux. On jouait donc bien rempli et l’ouverture correspondait à la digestion, il fallait donc un effort supplémentaire de concentration car une erreur est vite arrivée, surtout si le repas était accompagné de boissons locales pas spécialement reconnues pour augmenter les capacités échiquéennes, même si beaucoup continuent les tests de manière régulière.

Je vais procéder ronde par ronde.

Pour la 1ère partie, je joue un Slovaque à 2023 avec les blancs. Mon ouverture est peu convaincante, je vais prendre comme excuse la fatigue des 20h de route et notre arrivée à 2h30 du matin, ainsi que les 2 repas pris en 5h de temps. Mon adversaire obtient donc une bonne position mais se trompe en voulant plus et perd un pion. Par chance ou par réussite sa position devient subitement très dangereuse et je n’ai pas d’autres choix que d’entrer dans une jolie variante de perpétuel. Nulle en 23 coups.

Ronde 2, je joue un autre Slovaque à 2066, avec les noirs cette fois. Rien d’extraordinaire, le contre gambit Albin ne m’a pas donné toutes ses possibilités tactiques, mais il m’a permis de terminer avec un pion de plus et a eu le mérite de faire réfléchir mon adversaire au point que celui ci est tombé au 25ème coup.

Les rondes 3 et 4 se jouaient le même jour. Pour la 3ème partie j’étais apparié à une jeune joueuse Tchèque à 2101 alors qu’elle n’avait pas encore 14 ans ! Je réalise sans doute ma plus belle partie du tournoi, tactiquement sur le fil, tout se joue à peu de chose, il suffit de voir la position délicate de mon roi dans la position finale, mais j’avais bien évalué. Gain en 23 coups.

A 2,5/3 mon tournoi était bien lancé, par contre la ronde du soir a été très difficile et j’ai eu le contre coup du voyage, la partie du matin m’enlevant le peu de fraîcheur qu’il me restait. J’étais vraiment très fatigué, d’ailleurs j’oublie bêtement un coup simple contre un 2168 dans une variante que je croyais complexe mais intéressante, je me retrouve avec un pion de moins dès le 7ème coup, sans compensation… Surprise, 10 coups plus tard mon adversaire me propose nulle. Merci le élo. C’est la version officielle, mais pour justifier mon manque de combativité, je suis le 1er à critiquer les nulles courtes, j’ai du trouver une explication autre que l’excuse de la fatigue et de la position désavantageuse. Il faut savoir qu’en Slovaque, « Remi » signifie « nulle », même si je préfère « partage du point » pour éviter les confusions. Après 16 coups, mon adversaire me demande « Rémi ? », croyant qu’il me demandait mon prénom j’acquiesce, et là il me baragouine quelques mots en Slovaque mal articulé car je n’ai rien compris et me tend la main que j’ai serré pensant qu’il venait simplement de se présenter… la nulle était conclue, trop tard. Voilà l’autre version. Autre chose, ça me permettait de faire une 4ème partie de moins de 30 coups, j’évitais donc encore une fois le seuil où il fallait manipuler le carbonne.

Enfin une bonne nuit de sommeil et me revoilà de nouveau en pleine forme pour affronter un Tchèque à 2134. Je pense avoir joué une très bonne partie bien précise et très dynamique dès l’ouverture, il n’a pas eu le temps de jouer son jeu. Gain en 34 coups.

Je me suis donc retrouvé à 4/5, invaincu en ayant joué 5 joueurs dangereux, mais avec un plus petit élo que le mien. Je commençais à « apprécier » les avantages d’être un « grosélo » de 2241. Ca ne pouvait bien entendu pas durer tout le temps et Ronde 6 je tombe sur un MI Tchèque à 2370. Avec les noirs, je joue mon début hippopotame, souple et solide. Je souffre toute la partie mais je m’accroche efficacement, et faute de trouver de gain dans cette position avantageuse il force un peu le destin mais ça me permet de me libérer. La fin se joue dans un zeitnot mutuel en moins de 2min dans la phase KO, et cet exercice m’est favorable. Merci aux nombreux blitz joués en soirée.

Me voilà dans le groupe leader de 8 joueurs, seul en dessous des 2350. Je joue un MI de 60 ans à 2392 avec les blancs. Il me bat à la longue en travaillant un micro avantage dans une finale de fous avec une technique irréprochable, je pense que face à un non titré j’aurai sans doute annulé. Il a su tirer le maximum de sa position, rien à dire. 1ère défaite du tournoi.

Je continue sur la lancée avec un autre MI à 2364. Cette fois mon hippopotame n’a pas résisté car j’ai joué trop stéréotypé sans l’adapter au système de mon adversaire. Il trouve une belle conception et je me fais dominer tactiquement en 23 coups.

Le vendredi soir c’était la dernière soirée avant la fin du tournoi, et elle s’est terminée en séries de blitz animés en 2-2 entre français, avec la participation amicale de quelques slovaques ou hongrois très doués à cet exercice et chambreurs de folie. Chouette soirée à peine gâchée par l’annonce des appariements de la ronde 9 qui me fait jouer face à mon compagnon de voyage Bruno Marchyllie… faire 1700km ensemble pour se jouer….Enfin bon, ça a permis de prolonger la soirée encore un peu et de se reposer le lendemain après notre courte nulle.

Total 5,5/9 contre une moyenne à 2198
Perf à 2278
Je gagne quelques points FIDE, environ 8.

Je vais citer aussi le résultat de mes partenaires qui ont vécu cette semaine en terre Slovaque avec moi.
Bruno Marchyllie 2162 réalise 5,5/9, soit un très bon tournoi, notamment grâce à la ronde 9, avec un gain de 15-20 points qui le verront revenir à un élo plus conforme à son niveau de jeu. Il a d’ailleurs sérieusement accroché le n°1 du tournoi Stojcek à 2592.

Xavier Blonde 1800 a souffert un peu plus car toutes les parties étaient difficiles, on trouvait des +2000 jusque dans les dernières tables. Il réalise 2/9.

Le soir de dernière ronde, nous avons été conviés par l’organisateur à une soirée de clôture Slovaque dans une Koliba (auberge) avec repas au feu de bois, et dès la fin de ce repas nous avons repris la route.

Que dire d’autre ? Je crois que le résumé est suffisamment complet , simplement remercié encore fortement les clubs de Bratislava et Cappelle-la-Grande, et Mr Sturk pour nous avoir invités dans ces conditions d’accueil et de jeu idéales avec vraiment une semaine agréable.

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